A propos des Claires Familles

Qu’il me soit permis ici de dire un mot de ces vidéos, de ce diptyque venu un peu comme un cheveu sur la soupe.

Famille Claire 1 https://vimeo.com/479448061 présente les protagonistes, notamment Calamity Jane, moi-même, face aux divers corps sociaux.

Les pires sont peut-être l’assemblée des artistes du dimanche, qui ayant garé leur gros SUV sur le parking de la zone industrielle, viennent peindre en canon sous l’égide d’un/e animateuzeresse des territoires, tout sourire, et chargée de décomplexer les apprentis Van Gogh.

Les un peu moins pire sont ceux de la famille claire, les Blancs, la bonne famille USA grassouillette débile, faisant qui plus est quelque cérémonie débile avec communion au soleil couchant et mains tenues, bref l’horreur.

Face à eux, les Indiens, communauté qui a ses règles aussi, lesquelles cimentent le groupe, même si les lascars sont autrement plus durs que les pieds-tendres de blancs. Chaque lascar d’Indien est capable de gagner sa vie par cent métiers différents, là où le blanc ne sait que traiter des dossiers.

Mais au moins, famille de blancs et famille d’Indiens ont-ils les mêmes besoins et les mêmes solutions à leur apporter : la famille, et la communauté élargie. Le peintre amateur vient là pour pécho, et la peintresse amateuse aussi, mais elle appelle ça “faire de belles rencontres”.

Famille Claire 2, https://vimeo.com/481673893 présente le drame et celle par qui le scandale arrive.

Calamity Jane n’aime personne. Elle n’a que faire des Indiens, qui le lui rendent bien, et abhorre les Blancs, qui le lui rendent aussi bien.
Elle les attend de pied ferme avec un fusil, tirera sans sommation, sans indulgence pour aucun des membres, sauf la jeune fille à son papa.
Car la jeune fille, c’est elle aussi. Rien de ce qui passe sous les fourches caudines de l’éducation des jeunes filles ne lui est étranger.

Calamity-moi a plusieurs autres doubles, ou disons des ombres. Elle a la jeune fille qui est en haut à droite de ses images et qui lui sert de découpe. C’est elle jeune, c’est elle qui est encore pleine d’espoir, et d’attentes sur la vie mais qui observe avec les yeux de “sa mère” qu’est Calamity, elle observe sa mère
recevoir le monde avec défiance et apprend la défiance.

La jeune fille de bonne famille a aussi un double, laquelle sera au centre du deuxième volet. Elle fait une brève apparition dans le premier volet, à 3:40.

Amelia, le modèle, va détruire la famille par ses découpes sauvages et ses couleurs vénéneuses.
Les mains du père et de la mère se soudent près du soleil, qui indique le point zénithal du décolleté du modèle. Fille émancipée, qui gagne sa vie, le modèle se gausse de la jeune fille rangée. Elle attire dans son orbite le père de la jeune fille, elle les sépare, ce qui perturbe la jeune fille et la secoue en tout sens.

Mais d’un autre côté, c’est un modèle, un exemple. A son âge, elle gagne sa vie en posant pour les photographes, elle choisit les hommes et les tient à distance (quoique, et c’est dans cette frange que…), là où la jeune fille est encore tenue en main par son père.

Je suis aussi, à la toute fin, cette seule image de la jeune fille affligée en noir et blanc.
Car, pour autant que je t’aime, moi aussi, parfois je souhaiterais que tu ne vinsses pas me détacher des autres et détruire le lien qui m’unit à ta famille. Si tu n’étais pas là, rien de tout cela n’arriverait, et si tu n’étais pas là…

Tu ne peux qu’être là.
Mais tu es là, hélas, aux deux places en même temps. J’aurais dû te tenir par la main, et ne pas te fréquenter. J’aurais dû te protéger et ne jamais te connaître, te guider et ne jamais t’avoir rencontrée.
Je crains ta venue comme la peste et je regrette ton départ comme une délivrance, je voudrais être contre toi à en mourir et ne plus jamais te revoir. Car tu es celle qui a brisé ma vie et celle qui me donné la seule qui vaille d’être vécue.

Tu m’as rendu coupable et tu m’as rendu saint, car toi seule es sainte, et toi seule règnes sur mon cœur.

Je vais expliquer, à la rubrique prosaïque, pourquoi vous salissez cet amour. Je me moque de la chaîne ridicule de cette famille bien-pensante, et pourtant je la comprend. Quel équilibre donne-t-elle aux enfants ? Je ne sais pas, je n’en suis pas sûr…

Quel équilibre t’ai je fait perdre, de quel équilibre les ai-je privés ? Je ne sais pas, je ne le saurai jamais. Tu règnes, tu fais de moi le plus riche des mendiants, le plus misérable des empereurs, car je t’ai là où personne ne t’aura, même si ça ne signifie rien pour personne, et le pire, rien pour toi.

Je t’ai au paradis des assassins, là où l’amour rime avec la mort, ne répond qu’à elle et, par là, au mystère de la re-naissance, là où il se hisse au sommet intouchable, à l’au-delà parfait de tout fantasme

La mère ? Elle ne peut rien, elle ne bouge pas, elle est hors-jeu sur cet échiquier où seules les jeunes ont le pouvoir sur les mâles. Comme les vieilles louves, elle leur enlèverait leurs petits mais elles n’en ont plus. Elles n’ont plus que les avantages de la jeune fille, hors celui de porter plainte tout le temps des résultats de leur séduction. Se ducere.

Les autres silhouettes féminines sont du décor, elles ne comptent pas. C’est parce que tu es seule à être en ce jardin que ta présence éclatante a la puissance dévastatrice de l’éclipse. Hélas, jamais tu ne jouas ton rôle, jamais tu ne tins ton rang.

C’est de cela que parfois nous te punissons au pied d’un arbre, par le fer dans ta gorge.

A dire vrai, je suis moyennement content de ce fatras expressionniste, mais je tâtonne pour chercher des outils convenables.

Author: palazzoducale

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